Histoire tirée de 90 Histoires pour les catéchistes I, I. Les vertus théologales, L'Ermite, Pierre
Avant-hier, un jeune scout est venu à la crèche de Sainte-Odile, avec sa mère, au sortir de la classe.
L’église est presque déserte… L’enfant arrive le premier, regarde, et, subitement, sur la pointe des pieds, retourne vers sa maman : « Vite… Viens voir ! » Et la maman aperçoit ceci : un amour de petit chat, tout pelotonné sur lui-même, dort dans la paille, sa tête appuyée sur celle de l’Enfant-Jésus !
Il dort d’un sommeil profond, confiant, comme s’il avait trouvé le havre suprême de la paix !
La scène est si charmante que le scout et sa mère restent là, silencieux, dans une sorte de contemplation… Puis le vicaire arrive… et quelques autres personnes. On leur fait signe de marcher doucement… très doucement… pour - c’est le cas de le dire - ne pas réveiller le chat qui dort !
Il n’est pas gras, le pauvre matou ! C’est probablement un de ces malheureux qu’on vient jeter sur le terrain vague de la zone et qui meurent souvent de faim, de froid et parfois de coups… Celui-ci ne mourra pas ainsi, car déjà une dame offre de l’adopter. Il ne sera pas dit qu’une créature du bon Dieu, réfugiée auprès de l’Enfant-Jésus, dans le même dénuement que lui, n’aura pas trouvé un bon cœur pour le secourir !
Mais voici qu’une porte se referme brusquement… Le petit chat se réveille en sursaut. Il ouvre des yeux effrayés… Tout ce monde autour de lui ! Ne va-t-on pas le prendre, le jeter en l’air comme font souvent les voyous ? Le martyriser… le tuer ? Il a vu peut-être sur la zone des brutes assommer ses frères à coups de pieds et à coups de pierres, pour s’amuser !
Pourtant, peu à peu, il se rassure. Ses oreilles, plaquées en arrière, dans un sentiment d’effroi, se redressent en avant… Une douce main de femme s’est étendue vers lui, le caresse, le prend, réchauffe son petit corps bien maigre, tout transi de froid. Et une autre main s’approche pour la même caresse. Le scout, bientôt, vient l’embrasser… Quant au bon abbé, il est déjà parti chercher un peu de lait.
Alors un tout petit ronron monte du pauvre corps… le premier peut-être de sa vie de misères. Et, avec des yeux maintenant rassurés, le petit chat regarde tous ces gens qui paraissent ne lui vouloir que du bien.
« Maman, s’écrie le scout, il faut l’emmener chez nous ! Ce sera ma B.A. d’aujourd’hui ». « Certainement », répond la mère sans la moindre hésitation. Mais si elle avait dit non, la première dame maintenait son offre ! Et l’abbé, lui aussi, était prêt à adopter ce petit paroissien au poil angora, blanc et feu. En entendant le vicaire me raconter cette scène d’une voix émue, je pensais à ce qu’aurait dit aux fidèles de son temps, François d’Assise, qui aimait tant les animaux… « Faites comme ce petit chat, aurait dit le saint ; voyez quel exemple de confiance il nous donne ! Au milieu de la détresse la plus extrême, allez vous réfugier auprès de Celui qui a dit : « Venez à moi vous tous qui souffrez et je vous revigorerai ». Et il aurait ajouté : « Pas un oiseau ne tombe sur la terre sans la permission du Père qui est dans les cieux, ni même un petit chat ! De son temps Jésus citait le cep de vigne et le grain de sénevé… Aujourd’hui c’est le tout petit chat qui vous dit de sa part : « Espérez toujours, espérez quand même ! Les nuages passent, le ciel reste… »
Et moi j’ajouterai aujourd’hui : « Merci, petit chat, pour la belle leçon que tu nous donnes ! ».
Pierre L’Ermite